Sortie personnelle du vendredi 4 juillet 2025 – Hâble d’Ault, Somme

Un matin de juillet, sac à dos léger, carnet de notes et longue-vue sur l’épaule, je suis parti seul au Hâble d’Ault. Pas de groupe, pas de guide, juste moi, les éléments… et les oiseaux. Récit d’une errance matinale dans l’un des plus beaux sanctuaires littoraux de la côte picarde.

Arriver tôt, marcher lentement

Il est à peine 7h30 lorsque je coupe le moteur près de l’aire de stationnement du Hâble d’Ault, le long de la D940, à quelques centaines de mètres du blockhaus et du relais de télécommunications. On peut se garer librement ici, et rejoindre à pied les sentiers balisés qui longent les bassins et les digues.

Le ciel est déjà lumineux, lavé par la pluie tombée dans la nuit. Le vent souffle fort, mais les odeurs de mer, de vase et de foin mouillé flottent dans l’air. Le genre de matin qui pousse à la lenteur.

Un monde vivant se révèle, pas à pas

Dès les premiers mètres, le calme apparent est rompu par les appels rauques d’un grand cormoran planant au-dessus de l’eau. Plus loin, un couple de grèbes huppés défile à la surface, suivis par un petit grèbe castagneux qui plonge nerveusement.

Dans la roselière, la discrète mais bien présente rousserolle effarvatte chante sans relâche. J’identifie aussi le phragmite des joncs et une cisticole acrobatique, juchée sur une tige de jonc, qui me gratifie de son cri sec.

À découvert, les plans d’eau accueillent des fuligules morillons, des foulques, des cygnes tuberculés et même quelques avocettes élégantes, gracieuses silhouettes blanches aux ailes noires, toujours en mouvement.

Un peu plus loin, une haie basse accueille le gazouillis joyeux d’un bruant jaune, pendant que la bergeronnette grise court au sol comme à son habitude, nerveuse et élégante.

Des chants, des cris, et de belles surprises

En tendant l’oreille, j’ai la chance d’entendre, et d’apercevoir brièvement, une hypolaïs ictérine dans un bosquet de saules. Un moment rare. Plus fréquents, mais tout aussi agréables : les chants flûtés d’une linotte mélodieuse, le vol léger d’un tarier pâtre, ou encore une alouette des champs entamant sa spirale ascendante.

Près des falaises, les hirondelles de rivage s’activent. Leur ballet incessant autour des galeries creusées dans les argiles friables est fascinant.

Et, en bordure des prairies, je repère un vanneau huppé à la silhouette typique, accompagné d’un petit groupe de mouettes rieuses. À l’horizon, un goéland argenté patrouille, poussant quelques cris rauques contre le vent.

Conseils pratiques pour une visite réussie

Point de départ conseillé : parking au niveau du croisement entre la D940 et la rue du Hâble, à 3 km à l’ouest de Cayeux-sur-Mer.
Itinéraires : sentiers pédestres balisés accessibles depuis le stationnement. Prévoir de bonnes chaussures (sentiers parfois humides).
Meilleures périodes :
Printemps et début d’été : pour l’écoute des chanteurs (passereaux, rousserolles, hypolaïs).
Fin d’été et automne : meilleure période pour les limicoles et la migration.
Hiver : présence de nombreux canards plongeurs et anatidés, parfois des raretés.

Ce qui m’a marqué ici, ce n’est pas seulement la diversité d’oiseaux, mais ce sentiment de solitude paisible, face à l’immensité du ciel et à la mer toute proche. Le Hâble d’Ault est un lieu à part : changeant, vibrant, imprévisible. Un de ces endroits qui vous reconnecte aux rythmes du vivant.

Je suis reparti les jumelles encore pleines d’images… et le cœur, un peu plus léger.

 

  • Pipit farlouse
    Pipit farlouse

    Anthus pratensis

  • Linotte mélodieuse
    Linotte mélodieuse

    Carduelis cannabina

  • Phragmite des joncs
    Phragmite des joncs

    Acrocephalus schoenobaenus

  • Phragmite des joncs
    Phragmite des joncs